Cariatide

Cariatide

 

AuteurJacques Caux

Description

Type d’œuvrestatue

Classification de l’auteur132

Matièresterre cuite.

Épreuve d’artistenon

Dimensions

Exposition

Lieu de création

PaysFrance

Création

Date approximativeoui

Date de fin01/01/1983 00:00:00

Commentaire

 casée

1. Je reporte mon dessin sur une plaque de terre, je découpe, je laisse sécher, je ponce, assemble et cuis une première fois.

 

2. Ensuite, vient le travail d’émaillage.

J’achète des émaux de base, des couleurs ; je fais des mélanges pour obtenir la palette que je désire, à base d’essais, de chauffes… Avant, j’avais le choix dans ces bases, il y avait un certain nombre de distributeurs, mais maintenant tous ces petits commerçants ont été rachetés, et on n’a plus qu’une seule palette… J’en achète aussi à l’étranger, mais ça ne m’élargit pas beaucoup le spectre. Aujourd’hui, c’est véritablement plus difficile de se faire une palette originale. Le brun que j’obtenais ressortait bien sur une certaine qualité de terre, mais elle n’est plus fabriquée : elle était un peu plus calcaire que la nouvelle terre que j’utilise. Il a donc fallu que je réadapte l’émail, histoire de composition chimique. Mais bon… tout ça est un problème récurrent, à travers toute l’histoire de l’art. Trouver des couleurs a toujours été dépendant des conditions matérielles et financières de l’artisan… Ce qui est pitoyable aujourd’hui, c’est le contraste entre la richesse monétaire réelle et l’indigence de goût qui préside même à ce commerce des métiers rares…

 

3. Je pose les émaux par nappage ou par trempage. Soit je prends mon morceau d’argile préparé, et je nappe le morceau avec le liquide renversé — jamais déposé au pinceau. Soit je le baigne complètement dans le bain d’émail, et je nettoie le dessous avant de mettre dans le four.

Ensuite, je cuis les émaux par couleur, à cause de la température propre à chaque mélange. Je fais donc plusieurs céramiques à la fois.

 

4. Mais là, on entre dans la question de la maîtrise de la matière et des effets… Ces derniers sont prévus d’avance, et les rendus ne sont pas dus au hasard.

Ce qui fait travailler un émail différemment, c’est le fait d’y inclure ou non des oxydes métalliques. Pour tel brun chaud par exemple, je pars d’un émail jaune avec de l’oxyde de manganèse et, selon la proportion, j’obtiens un brun plus ou moins foncé.

Pour d’autres effets, je fais en sorte que des émaux cristallisent lorsque le four atteint une certaine température : cela donnera non pas un nappage uni mais un brillant cassé, sur lequel va venir jouer la lumière.

Se pose aussi le problème du coefficient de dilatation du matériau à la cuisson : il faut qu’il soit le même pour la terre et pour l’émail. Le four chauffe sec, la terre se dilate, l’émail aussi, et pour que les deux se fondent pour ne plus former qu’une même matière, il faut qu’il y ait proximité de ce coefficient. Sinon, on obtient le « tressaillement » : l’émail n’arrive pas à suivre la dilatation de l’argile, il se rétracte comme une peau de serpent et les morceaux se décollent au fil du refroidissement. Ça, c’est une tare, une vraie ! Mais maintenant ça ne m’arrive plus !

 

5. D’autres fois, j’inclus des cailloux contenant des oxydes métalliques avec un fondant : ils fondront à une température précise, et se répartiront dans l’émail, plus ou moins aléatoirement.

 

6. Les craquelures, c’est pareil : jouer sur la densité de la poudre d’émail dans de l’eau permet d’obtenir un craquelé plus ou moins serré. Le craquelé se fait forcément sur une surface claire, sinon il reste peu visible. Mais quand le morceau sort de la cuisson, on ne décèle pas le craquelé : je passe de l’encre de chine qui se loge dans les craquelures de l’émail et les noircit ; je nettoie ensuite l’émail, et ne restent que l’encre dans les nervures.

 

7. D’autres fois encore, je mets deux couches d’émaux en superposition avec des effets différents.

 

8. Il ne faut pas confondre cela avec l’effet de cratère, de dégradé concentrique de la couleur sur un même morceau d’argile. Pour cela, il faut déjà un émail épais et non filtré, avec des grumeaux ; puis on place la pièce à un endroit particulier du four, où la température ne viendra pas saisir également toute la surface du morceau. La pièce soumise à des tensions mécaniques différentes, c’est là que vont se faire les cratères. C’est un résultat aléatoire, très beau.

Extrait

1. Je reporte mon dessin sur une plaque de terre, je découpe, je laisse sécher, je ponce, assemble et cuis une première fois.

 

2. Ensuite, vient le travail d’émaillage.

J’achète des émaux de base, des couleurs ; je fais des mélanges pour obtenir la palette que je désire, à base d’essais, de chauffes… Avant, j’avais le choix dans ces bases, il y avait un certain nombre de distributeurs, mais maintenant tous ces petits commerçants ont été rachetés, et on n’a plus qu’une seule palette… J’en achète aussi à l’étranger, mais ça ne m’élargit pas beaucoup le spectre. Aujourd’hui, c’est véritablement plus difficile de se faire une palette originale. Le brun que j’obtenais ressortait bien sur une certaine qualité de terre, mais elle n’est plus fabriquée : elle était un peu plus calcaire que la nouvelle terre que j’utilise. Il a donc fallu que je réadapte l’émail, histoire de composition chimique. Mais bon… tout ça est un problème récurrent, à travers toute l’histoire de l’art. Trouver des couleurs a toujours été dépendant des conditions matérielles et financières de l’artisan… Ce qui est pitoyable aujourd’hui, c’est le contraste entre la richesse monétaire réelle et l’indigence de goût qui préside même à ce commerce des métiers rares…

 

3. Je pose les émaux par nappage ou par trempage. Soit je prends mon morceau d’argile préparé, et je nappe le morceau avec le liquide renversé — jamais déposé au pinceau. Soit je le baigne complètement dans le bain d’émail, et je nettoie le dessous avant de mettre dans le four.

Ensuite, je cuis les émaux par couleur, à cause de la température propre à chaque mélange. Je fais donc plusieurs céramiques à la fois.

 

4. Mais là, on entre dans la question de la maîtrise de la matière et des effets… Ces derniers sont prévus d’avance, et les rendus ne sont pas dus au hasard.

Ce qui fait travailler un émail différemment, c’est le fait d’y inclure ou non des oxydes métalliques. Pour tel brun chaud par exemple, je pars d’un émail jaune avec de l’oxyde de manganèse et, selon la proportion, j’obtiens un brun plus ou moins foncé.

Pour d’autres effets, je fais en sorte que des émaux cristallisent lorsque le four atteint une certaine température : cela donnera non pas un nappage uni mais un brillant cassé, sur lequel va venir jouer la lumière.

Se pose aussi le problème du coefficient de dilatation du matériau à la cuisson : il faut qu’il soit le même pour la terre et pour l’émail. Le four chauffe sec, la terre se dilate, l’émail aussi, et pour que les deux se fondent pour ne plus former qu’une même matière, il faut qu’il y ait proximité de ce coefficient. Sinon, on obtient le « tressaillement » : l’émail n’arrive pas à suivre la dilatation de l’argile, il se rétracte comme une peau de serpent et les morceaux se décollent au fil du refroidissement. Ça, c’est une tare, une vraie ! Mais maintenant ça ne m’arrive plus !

 

5. D’autres fois, j’inclus des cailloux contenant des oxydes métalliques avec un fondant : ils fondront à une température précise, et se répartiront dans l’émail, plus ou moins aléatoirement.

 

6. Les craquelures, c’est pareil : jouer sur la densité de la poudre d’émail dans de l’eau permet d’obtenir un craquelé plus ou moins serré. Le craquelé se fait forcément sur une surface claire, sinon il reste peu visible. Mais quand le morceau sort de la cuisson, on ne décèle pas le craquelé : je passe de l’encre de chine qui se loge dans les craquelures de l’émail et les noircit ; je nettoie ensuite l’émail, et ne restent que l’encre dans les nervures.

 

7. D’autres fois encore, je mets deux couches d’émaux en superposition avec des effets différents.

 

8. Il ne faut pas confondre cela avec l’effet de cratère, de dégradé concentrique de la couleur sur un même morceau d’argile. Pour cela, il faut déjà un émail épais et non filtré, avec des grumeaux ; puis on place la pièce à un endroit particulier du four, où la température ne viendra pas saisir également toute la surface du morceau. La pièce soumise à des tensions mécaniques différentes, c’est là que vont se faire les cratères. C’est un résultat aléatoire, très beau.

Bibliographie

1. Je reporte mon dessin sur une plaque de terre, je découpe, je laisse sécher, je ponce, assemble et cuis une première fois.

 

2. Ensuite, vient le travail d’émaillage.

J’achète des émaux de base, des couleurs ; je fais des mélanges pour obtenir la palette que je désire, à base d’essais, de chauffes… Avant, j’avais le choix dans ces bases, il y avait un certain nombre de distributeurs, mais maintenant tous ces petits commerçants ont été rachetés, et on n’a plus qu’une seule palette… J’en achète aussi à l’étranger, mais ça ne m’élargit pas beaucoup le spectre. Aujourd’hui, c’est véritablement plus difficile de se faire une palette originale. Le brun que j’obtenais ressortait bien sur une certaine qualité de terre, mais elle n’est plus fabriquée : elle était un peu plus calcaire que la nouvelle terre que j’utilise. Il a donc fallu que je réadapte l’émail, histoire de composition chimique. Mais bon… tout ça est un problème récurrent, à travers toute l’histoire de l’art. Trouver des couleurs a toujours été dépendant des conditions matérielles et financières de l’artisan… Ce qui est pitoyable aujourd’hui, c’est le contraste entre la richesse monétaire réelle et l’indigence de goût qui préside même à ce commerce des métiers rares…

 

3. Je pose les émaux par nappage ou par trempage. Soit je prends mon morceau d’argile préparé, et je nappe le morceau avec le liquide renversé — jamais déposé au pinceau. Soit je le baigne complètement dans le bain d’émail, et je nettoie le dessous avant de mettre dans le four.

Ensuite, je cuis les émaux par couleur, à cause de la température propre à chaque mélange. Je fais donc plusieurs céramiques à la fois.

 

4. Mais là, on entre dans la question de la maîtrise de la matière et des effets… Ces derniers sont prévus d’avance, et les rendus ne sont pas dus au hasard.

Ce qui fait travailler un émail différemment, c’est le fait d’y inclure ou non des oxydes métalliques. Pour tel brun chaud par exemple, je pars d’un émail jaune avec de l’oxyde de manganèse et, selon la proportion, j’obtiens un brun plus ou moins foncé.

Pour d’autres effets, je fais en sorte que des émaux cristallisent lorsque le four atteint une certaine température : cela donnera non pas un nappage uni mais un brillant cassé, sur lequel va venir jouer la lumière.

Se pose aussi le problème du coefficient de dilatation du matériau à la cuisson : il faut qu’il soit le même pour la terre et pour l’émail. Le four chauffe sec, la terre se dilate, l’émail aussi, et pour que les deux se fondent pour ne plus former qu’une même matière, il faut qu’il y ait proximité de ce coefficient. Sinon, on obtient le « tressaillement » : l’émail n’arrive pas à suivre la dilatation de l’argile, il se rétracte comme une peau de serpent et les morceaux se décollent au fil du refroidissement. Ça, c’est une tare, une vraie ! Mais maintenant ça ne m’arrive plus !

 

5. D’autres fois, j’inclus des cailloux contenant des oxydes métalliques avec un fondant : ils fondront à une température précise, et se répartiront dans l’émail, plus ou moins aléatoirement.

 

6. Les craquelures, c’est pareil : jouer sur la densité de la poudre d’émail dans de l’eau permet d’obtenir un craquelé plus ou moins serré. Le craquelé se fait forcément sur une surface claire, sinon il reste peu visible. Mais quand le morceau sort de la cuisson, on ne décèle pas le craquelé : je passe de l’encre de chine qui se loge dans les craquelures de l’émail et les noircit ; je nettoie ensuite l’émail, et ne restent que l’encre dans les nervures.

 

7. D’autres fois encore, je mets deux couches d’émaux en superposition avec des effets différents.

 

8. Il ne faut pas confondre cela avec l’effet de cratère, de dégradé concentrique de la couleur sur un même morceau d’argile. Pour cela, il faut déjà un émail épais et non filtré, avec des grumeaux ; puis on place la pièce à un endroit particulier du four, où la température ne viendra pas saisir également toute la surface du morceau. La pièce soumise à des tensions mécaniques différentes, c’est là que vont se faire les cratères. C’est un résultat aléatoire, très beau.