Quelques repères

Un schéma...

Qu'est-ce qu'un schéma ?

Résumons très brièvement.

Nos tableaux obéissent à des règles.

Nous les avons, peu à peu, élaborées, avec l'aide de Robert Estivals, professeur à Bordeaux 3.
 

Nos tableaux - bien que différents d'un artiste à l'autre - ont des caractères communs, reconnaissables d'emblée. En voici les plus importants :

  • Ne peindre que si l'on a quelque chose à dire. Ce peut être important ou non, une question ou une réponse, une demande, un concept, une notion, une phrase, une citation.Le point de départ est une intention, donc un titre.
  • Alors, on réfléchit.
  • On dessine la représentation graphique du thème : c'est la figure centrale.
  • Celle-ci est divisée en éléments signifiants appelés cartouches (fonctionnant comme les phrases d'un texte).
  • On place les relations et les mouvements, entre les cartouches. Dans ces derniers, on ajoute des symboles signifiants (fonctionnant comme les mots d'un texte).

Une histoire...

Nous nous sommes constitués en groupe, nommé Le Schématisme, au début de 1960. Nous: Robert Estivals, Jean-Charles Gaudy, Gabrielle Vergez, Jacques Caux. Nous nous sommes regroupés autour de Robert Estivals qui venait de fonder l'Ultralettrisme, après avoir quitté le Lettrisme d'Isidore Isou avec lequel il était très lié. Quelques années plus tard, Gabrielle nous quittait et Luciano Lattanzi nous a rejoints.

Nous nous sommes tout de suite constitués en avant-garde artistique dans la droite ligne des avant-gardes du 19e et 20e siècles. C'est dire que le contenu de nos idées se proclamait autant politique qu'artistique. Néanmoins, le contenu politique ne s'est jamais transformé en action (à part quelques sporadiques interventions). Nous nous sommes très vite orientés vers la résolution artistique de cette question: Comment représenter un propos d'une manière à la fois globale, analytique et symbolique? Dit autrement, il s'agissait bien de la quête d'un langage total.

Nous nous placions alors, à contre-courant des idées dominantes qui étaient tournées vers le primat du geste pur, la non-signification, le refus du sujet. Nous redonnions ainsi toute son importance au sujet et à la composition, tout en montrant les aspects réactionnaires de ces idées dominantes.

Nous avons donc tenté de reconstruire un langage pictural, d'élaborer de nouvelles règles de composition sans trop tenir compte de ce qui se passait autour de nous et restant à l'écart du marché de l'art. Cela a été notre préoccupation constante depuis un demi-siècle.

Notre mouvement a vécu - et vit encore - depuis un demi-siècle.Du moins en ce qui concerne mon œuvre, je peux dire qu’il vit encore.

Une raison...

POURQUOI TU PEINS ?

Un petit garçon m'a dit un jour:

"- Pourquoi tu peins?

- Pour que le monde soit moins triste." répondis-je dans l'instant.

 

Cette idée de plaisir donné/reçu est, pour moi, primordiale. Peut-être est-elle aussi le fondement de toute peinture. Il n'empêche que la réponse était un peu courte et que l'acte de peindre, ainsi que sa motivation, sont autrement complexes. Essayons d'y voir plus clair à propos d'une de mes peintures: le Bijou, ici reproduite.

 

Tout d'abord, si je peins, c'est que j'ai quelque chose à dire à quelqu'un. Sinon, je m'abstiens.

Ensuite, ce que j'ai à communiquer n'est pas forcément une réponse, mais plutôt une ( ou des ) questions que je me pose. La peinture est une tentative. Ce peut être aussi un moment pour faire le point, pour poser une balise.

Peindre va donc m'obliger à réfléchir, analyser la situation, me documenter, organiser, synthétiser; bref, développer un ensemble de stratégies.

Bien sûr, il m'est possible alors d'écrire un texte, de faire une intervention, etc. Mais je veux peindre car, pour ce que j'ai à dire, la peinture me semble être le meilleur médium. Je vais, en effet, essayer d'apporter une vision globale à ma réponse, structurée selon les règles de la schématisation et enfin, si cela est possible, d'en donner un aspect agréable à regarder.  

Voici donc le Bijou.

Ce titre pour vous amener sur mon chemin d'une manière allégorique.

Ma question est donnée par le sous-titre : Comment l'oeuvre naît?

Il me semble, tout d'abord, qu'elle vient du plus profond de l'être pour, peu à peu, venir au jour. Aussi la lecture du tableau se fera-t-elle, ici, de bas en haut.

 

A l'origine, il y a les émotions: que serions-nous sans elles? Le soubassement du schéma représente donc, dans les trois cartouches: de l'amour/de la haine; de la joie/de la peine; un désir agissant de communiquer.

 

 

 


Puis, il faut beaucoup de recherches, de travail long et difficile pour que les éléments de l'œuvre puissent peu à peu s'organiser. C'est le sens de la couronne et de ses cartouches répétitifs.


 

L'artiste doit être une personnalité complexe, capable d'accepter en soi tout autant sa féminité que sa virilité. C'est ce que signifie le centre bleu.

 

Alors,  la forme naît.

( Suivez les flèches roses centrales )

 

 


 

Il lui reste encore à traverser l'intelligence/la conscience/la mémoire ( la "mitre" ), avant de, peut-être, apparaître.

 

 


 

 

Mais, n'en ai-je pas trop dit? Ne vaut-il pas mieux regarder, appréhender, détailler, suivre et retourner à la vision globale?

 

 

 

 

Jacques Caux

+33 3 86 91 58 69

jacques.caux@schemart.com